Titre: Prodigy
Auteur: Marie Lu
Maison d'édition: Le livre de poche
ISBN: 978-2-01-397132-4
Synopsis (4ème de couverture)
June et Day ont échappé à leurs poursuivants.
Réfugiés à Vegas,
ils rencontrent un groupe de rebelles
qui consent à les aider.
Mais il y a une condition.
Prêts à tout, les deux adolescents acceptent:
ils savent que, sans les rebelles,
leurs heures sont comptées.
Mon avis...
Je dois bien vous avouer que ce livre traînait dans ma PAL depuis assez longtemps. Il y a encore deux semaines de cela, j'étais prise dans une infernale panne de lecture. Je n'arrivais pas à me plonger dans un livre, je ne faisais que survoler les pages. C'était comme si la gare des voyages littéraires m'ouvrait ses portes sas me laisser prendre le train.
Et puis j'ai attrapé Prodigy sans grandes conviction, et j'ai été agréablement surprise. Certes, cet ouvrage a des défauts et il ne m'a pas plu à 100%, mais il m'a quand même transportée dans un univers attrayant où j'ai ressenti une pluie d'émotions. Je peux donc raisonnablement penser que ce fut une bonne lecture.
J'aimerais d'abord vous parler d'un personnage qui m'avait peu marquée dans le tome 1 mais que j'ai beaucoup apprécié dans celui-ci: Kaede.
Kaede est une jeune révolutionnaire appartenant aux patriotes. Si dans Legend on en apprend peu sur ce personnage, on la découvre bin plus en profondeur dans Prodigy. On découvre une jeune femme
qui au départ rejoint les rebelles pour une question d'argent et qui change littéralement de point de vue tout au long de l'histoire. Elle se rend compte que les raisons qui l'ont poussée à se révolter ont presque disparu sous un désir ardent de vivre dans un monde meilleur. Elle l'exprime clairement dans l'un de ses dialogues avec Day. J'ai beaucoup apprécié ce personnage dont l'égoïsme était le trait de caractère principal dans les premières pages qui finit par risquer sa peau pour ses amis, sans aucun besoin de contrepartie. J'ai rarement observé une telle évolution chez un personnage en seulement 400 pages.
Je vais maintenant vous parler de certains points négatifs de l'histoire, ou plutôt de la forme de l'histoire. Autant le présent est un temps qui selon moi convient parfaitement à ce type de récit post-apocalyptique, autant je n'y suis pas fort-habituée. Je trouve que c'est un choix judicieux de l'auteur, ça renforce l'intensité de l'action et ça permet de prendre conscience de l'actualité des thèmes abordés, mais ça ne m'a pas plu du tout. Je trouvais que cela rendait la lecture abrupte, trop rythmée.
Le fait que le narrateur soit à la première personne avait également sa place, je trouvais, il m'a permis de m'imaginer l'action à travers les yeux de June et Day et de vivre l'histoire à fond, mais encore une fois cela ne m'a pas plu. Cela rendait également la lecture trop hachée et rythmée.
Cependant je dois bien avouer que j'ai eu une facilité déconcertante à me recréer la situation dans laquelle se trouvaient nos deux personnages et à me mettre à leur place. Malgré leurs opinions souvent totalement opposées, j'arrivais parfaitement à les comprendre.
Et pour finir dans les défauts, les triangles amoureux. C'est quelque chose qui m'insupporte au plus haut point. J'en ai déjà vu passer tellement! Je n'ai pas l'impression qu'on puisse encore innover dans ce genre de schéma. Fort heureusement, cela ne m'a pas empêchée d'apprécier le couple June/Day qui est le prochain point que je souhaite aborder.
L'histoire d'amour qui lie ces deux personnages aurait pu être un cliché total et faire basculer mon avis à propos de ce bouquin (car oui, pour moi, c'est un aspect très important dans un roman), mais elle ne le fut pas. Elle a tout de même conservé pas mal d'éléments de ce fameux couple cliché formé les deux personnage principaux d'un roman post-apocalyptique, où les deux héros ne peuvent pas s'aimer mais finissent quand même par se passer la bague au doigt et vivre ensemble jusqu'à ce que la mort les séparent. Et c'est là que l'un des triangles amoureux a été d'une grande utilité, et que je n'en veux donc pas à l'auteur de l'avoir formé. Le retour de Tess (orpheline recueillie par Day quelques années auparavant et troisième membre d'un des triangles) leur remet la tête sur les épaules et leur rappelle qu'ils ne se connaissent que depuis deux mois. Dans ce livre, le coup de foudre du premier regard n'a pas sa place, et j'aime ça.
Nous arrivons maintenant à l'avant-dernier point, qui est le fait que June et Day sont des adolescents. A aucun moment, ou presque, durant ma lecture, je ne me suis dit qu'ils n'avaient que 17 ans. Leur façon de penser laissait pourtant parfaitement transparaître leur âge, mais les situations auxquelles ils étaient confrontés, les choix qu'ils devaient poser étaient si durs à endurer que je leur aurais donné 5 ans de plus. Heureusement, l'auteur nous le rappelait à intervalle régulier et cela m'a souvent rappelée à l'ordre. S'il n'y avait pas eu ces petites indications, je me serais méprise durant toute ma lecture.
Et pour finir, j'aimerais insister sur le message que cette chère Kaede nous fait passer à la fin du roman: aucune société n'est parfaite. Si attrayant soit tel ou tel système, il recèlera toujours des défauts, parfois plus importants qu'ils n'en ont l'air. /!\SPOILER ALERT /!\ On en a un très bel exemple à la fin du récit; quand June et Day atteignent les Colonies (terres adjacentes à la République réputées comme paradisiaques en comparaison à celle-ci), ils n'en voient que la surface et, pris par l'excitation et la jubilation d'avoir enfin trouvé un endroit parfait. Day se rend pourtant vite compte que ce système ne vaut pas mieux que le leur, il n'a certes pas un dirigeant tyrannique et un virus semblable à celui de la République, mais les ouvriers n'y sont pas traités plus respectueusement. Les tours colorées et illuminées de mille feux ne sont qu'une illusion pour cacher la véritable vie de la plupart des habitants des Colonies./!\SPOILER ALERT FIN/!\ Etant moi-même une grande râleuse, discutant sur tout et trouvant toujours quelque chose à dire, je me suis surprise à me remettre en question. Moi qui suis totalement pour une révolution, moi qui passe mon temps à critiquer notre gouvernement, je me dis que peut-être, je pourrais penser à voir ses qualités.
Ne vous méprenez cependant pas, je continue à penser fermement que notre société à plus de défauts que de points positifs et je me réjouis du jour ou je pourrai enfin aider à faire bouger les choses.
J'en ai maintenant terminé avec cette critique, j'espère que vous aurez pris plaisir à me lire et j'espère vous retrouvez bientôt avec un autre article si ma motivation reste de mise!
Extrait: "-La classe ouvrière se fait exploiter partout, dit enfin Kaede. Voilà mon avis: par certains aspects, les Colonies sont mieux que la République, mais l'inverse est vrai, crois-moi ou non. La société parfaite dont tu rêvais n'est qu'une utopie, Day. Elle n'existe pas. Je tenais à ce que tu t'en rendes compte par toi-même."